Michel Delage

Michel Delage - Conférence du 26 janvier

Prélude

En quelques semaines, l’épidémie de corona virus a bouleversé toute l’organisation de l’enseignement y compris l’organisation du travail et la relation entre les membres de la communauté éducative, dont les parents… Du jour au lendemain, professeurs et élèves ont été obligés de revoir leur façon de travailler, de communiquer et d’interagir…

Des efforts considérables ont été déployés par la direction du lycée, les enseignants, les professeurs principaux, la vie scolaire : une formation rapide au numérique, en organisant, structurant et en adaptant l’enseignement aux outils numériques. En même temps, il a fallu renforcer le contact avec les parents et les élèves, les rassurer, les aider à comprendre le fonctionnement des espaces numériques ou en prêtant des ordinateurs portables aux élèves qui en avaient besoin.

Les parents ont également fait preuve d’initiative et de créativité, en utilisant des outils institutionnels et non institutionnels, en créant des groupes sur Whatsapp et sur les réseaux sociaux pour maintenir le contact avec la communauté éducative, mais aussi avec les autres parents afin de surmonter les moments difficiles.

Aux conseils de classe du premier trimestre qui permettaient de faire le bilan du travail des élèves pendant le retour en présentiel, les délégués de classe ont exprimé leurs difficultés devant la masse de travail à laquelle leurs camarades et eux-mêmes avaient à faire face. Au cours du trimestre, chacun a pu observer la souffrance d’un certain nombre d’élèves, stressés par les exigences des professeurs, angoissés devant les échéances liées à l’orientation et aux examens.

C’est dans ce contexte que la direction du LfdD et les représentants des parents élus au Conseil d’établissement ont lancé ce projet de coéducation qui vise à renforcer le partenariat avec les parents pour réunir les conditions de l’épanouissement de leurs enfants. Et de partir du postulat suivant : le bien-être des élèves favorise leur réussite à l’école. Évidemment, ce thème fera également l’objet d’une réflexion avec les professeurs d’un côté, et avec les élèves de l’autre.

Delage

Michel Delage est psychiatre, ancien professeur des services de santé des armées. Dans son travail de recherche, il vise à intégrer les connaissances sur l’attachement aux thérapies familiales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont ‘’La résilience familiale’’.

La théorie de l’attachement dans les apprentissages et l’éducation

La conférence avec Michel Delage, psychiatre, qui nous a présenté le rôle de l’attachement dans les apprentissages et l’éducation en constitue dans la première étape. Selon lui, il est nécessaire de renforcer le sentiment de sécurité des élèves en s’appuyant sur 4 dimensions  :

  • La disponibilité
  • L’empathie
  • L’acceptation
  • Le partenariat 

Il convient tout d’abord de comprendre ce qu’est la théorie de l’attachement.

La théorie de l’attachement est un champ de la psychologie qui traite d’un aspect spécifique des relations entre les êtres humains. Son principe de base est qu’un jeune enfant a besoin, pour connaître un développement social et émotionnel équilibré, de développer une relation d’attachement avec au moins une personne qui prend soin de lui de façon cohérente et continue. C’est dans ce sens qu’on peut dire que l’attachement est primordial pour l’évolution psychologique de l’enfant.

L’attachement et les apprentissages scolaires

Dans Attachment in the classroom, paru en 2006, Heather Geddes a étudié la relation entre un élève, son enseignant et une tâche d’apprentissage en lien avec la relation d’attachement.

Ces résultats montrent qu’un enfant apprend et réagit de manière différente en fonction de la tâche demandée, des attentes de l’enseignant envers eux et de leur type d’attachement.

A son entrée à l’école, l’enfant fait trois nouvelles expériences :

  • La séparation avec sa figure d’attachement.
  • Il rencontre son enseignant qui est un adulte qu’il ne connait pas.
  • Il fait connaissance avec un groupe d’enfants avec qui il va développer la socialisation.

La façon dont il va les aborder dépendra de la confiance qu’il accorde à sa figure d’attachement. Ainsi si l’enseignant apparait comme une base de sécurité, l’enfant s’investira de façon positive dans la tâche scolaire. Il aura de meilleurs apprentissages que l’enfant pour lequel l’enseignant apparaitra comme une base non sécurisante.

Pour conclure

Cette intervention de Monsieur Michel Delage aura forcément une suite.

Le mal-être scolaire observé chez certains élèves, nous oblige à répondre à cette question : comment sécuriser les parcours scolaires, l’épanouissement de tous les élèves tout en conservant le même niveau d’excellence ?

Un élément de réponse nous a été donné par Monsieur Delage qui a rappelé à tous que la relation entre l’école et les parents doit être fondée sur la confiance, condition préalable à la constitution d’un environnement sécure pour les élèves.

D’autres réponses seront proposées dans le projet éducatif que les personnels du LfdD ont commencé à élaborer. Évidemment, l’ensemble de la communauté scolaire y sera associé dans les semaines qui viennent. Le bien être scolaire est l’affaire de tous !

Pour aller plus loin :

L’attachement et les apprentissages scolaires

Les émotions, ici sont bien régulées et mentalisées. Le développement des processus cognitifs est bon. Comme l’enfant est stimulé par la nouveauté, ce dernier est prêt pour l’apprentissage et les tâches scolaires.

 S’il ne parvient pas à effectuer l’exercice qui lui est demandé, l’enfant demandera à son enseignant et écoutera ses explications et ainsi réussira sa tâche. Ainsi, l’enfant va développer un sentiment d’efficacité qui lui donne confiance en lui.

Les émotions sont présentes et très peu mentalisées. Disposant d’un potentiel cognitif suffisant, l’enfant préférera les tâches scolaires à autre chose de façon à se protéger des émotions qu’il peut rencontrer. De plus, si les parents de ces enfants témoignent d’une certaine fierté face à la réussite de leur enfant, celui-ci va s’investir un peu plus dans le but de leur plaire.
Un enfant avec un type d’attachement évitant n’arrivant pas à effectuer sa tâche scolaire, se tiendra à distance de son enseignant qu’il ne trouvera pas rassurant. Le triangle d’apprentissage se fragilise par le fait que l’enfant se concentre sur sa tâche scolaire. Il n’y a plus que lui et sa tâche scolaire. L’enfant bute sur son exercice, contrôle les émotions négatives qu’il ressent mais en aucun cas demande l’aide à son enseignant.

Débordés par leurs émotions, ces enfants n’arrivent pas à se concentrer sur les tâches scolaires. S’ils ne sont pas aidés, ce sont des enfants qui abandonneront rapidement leurs tâches.
Ici, le triangle d’apprentissage se fragilise d’une manière différente. L’enseignant apparait à l’enfant comme une figure d’attachement alternative. Mais ce dernier ne semble pas sûr de sa disponibilité pour lui en cas de besoin. L’enfant se sent en concurrence avec les enfants de sa classe. C’est pourquoi, il cherche à avoir l’exclusivité avec l’enseignant. Il peut se montrer collant avec lui. C’est un enfant d’humeur changeante. Les résultats aux tâches scolaires dépendent de la capacité de l’enseignant à apaiser l’enfant pour qu’il investisse l’exercice proposé.

Source : https://www.prevention-sante.eu/psychologie/linfluence-du-lien-dattachement-sur-la-reussite-scolaire

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